18 décembre : rage et détermination à Rennes

À Rennes, le 18 décembre a été marqué par une mobilisation profondément politique tout en étant plus faible numériquement que l’an passé.

Plus de 500 personnes ont manifesté derrière une banderole proclamant « Égaux-Égales, personne n’est illégal ! », portées par un cortège de personnes exilées et éclairées par la lumière des flambeaux. L’an passé nous étions presque 1 000 mais certains cortèges étaient peu dynamiques. Là, on entendait des slogans du début à la fin « Qu’est-ce qu’on veut ? Des papiers (Des logements) ! Pour qui ? Pour tou·te·s ! Quand ça ? Maintenant ! », « Y’a pas trop de sans-papiers : y’a trop d’racistes, dans cette société ! » ou encore « On veut de l’air, de l’air, ouvrez les frontières ! »

Un cortège de femmes exilées/migrantes, avec ou sans papiers, qui avait fait sa première apparition en tête de manifestation à Rennes le 23 novembre contre les violences patriarcales, sexistes et sexuelles, était de nouveau présent. Leur revendication : pouvoir « être indépendantes et libres » en obtenant des papiers, un logement, la possibilité de travailler et d’étudier. « On veut se battre pour-nous mêmes ! » Sur la banderole qu’elles avaient peinte, on lisait : « Là-bas, ici et partout, nous voulons dire ensemble stop aux violences sexistes, sexuelles et raciste » et « Régularisation de toutes les personnes sans-papiers ».

Le Syndicat des travailleurs et travailleuses sans papiers de Rennes était également présent, avec sa banderole et une prise de parole en fin de manifestation. Malheureusement, celle-ci a été faite au moment où la plupart des manifestant·es quittaient les lieux, deux heures après le début de la marche. Au côté du syndicat défilait le collectif Justice et Vérité pour Babacar.

De nombreuses associations de soutien aux personnes exilées à Rennes (peut-être même toutes ?) étaient présentes et avaient mobilisé pour cette journée du 18 décembre. Elles se réunissent pour la plupart chaque semaine dans le cadre d’un comité de soutien aux personnes exilées auquel participent quelques membres de partis et de syndicats. Nous avons vu, avec ou sans banderole, Un Toit c’est Un Droit, le Collectif de Soutien aux Personnes Sans papiers, D’Ici et D’Ailleurs, le MRAP, le collectif CARPES. Pour compléter ce tableau, plusieurs dizaines de militant·es des organisations du mouvement social, qui battaient le pavé la veille – le 17 décembre – contre la réforme des retraites, étaient également présentes : CGT, CNT, NPA, EÉLV ainsi qu’Extinction Rébellion qui fait le pont entre lutte contre les frontières et lutte pour l’environnement et le vivant.

Pour ma part, je dirais que le travail de mobilisation n’a pas été à la hauteur, peut-être du fait de la mobilisation contre la réforme des retraites, et qu’il n’a pas été fait dans les endroits les plus propices. Il a manqué le restaurant social, où se croisent des dizaines voire des centaines de demandeur·ses d’asile, la place de la République, point central de Rennes où se rencontrent et passent de nombreux autres, les foyers d’accueil…

Une minute de silence a aussi été faite pour rendre hommage à toutes les personnes mortes pendant leur parcours d’exil, certaines connues par nos camarades exilé·es/migrant·es en lutte. La veille de la marche, nous avions appris le décès de Tigui, cousine d’un membre du Syndicat des travailleur·ses sans papiers.

Malgré la dureté du combat, la mort qui est dans toutes les têtes, les personnes proches ou inconnues qui meurent, et qui sont très loin de n’être que des chiffres… malgré tout cela, il nous reste de la joie, car nous puisons de la force à lutter ensemble. Le chemin vers des manifestations plus larges reste long mais nous sommes déterminé·es plus que jamais à lutter contre ce système raciste qui souhaite briser nos vies ici et ailleurs.

Nous luttons avec rage et amour, et c’est pour cela que nous serons toujours ensemble !

Solenn
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