La Palestine en Résistance : Israël est défait, le Hamas vit, et la Palestine vaincra

Les Cahiers d’A2C #16 – MARS 2025

  Israël est défait, le Hamas vit, et la Palestine vaincra. Israël a commis un génocide, on  ose citer le nombre de martyrs, de personnes mutilées, de familles brisées, de prisonniers torturés, de personnes palestiniennes déplacées, affamées, persécutées, de quartiers gazouis anéantis… Mais on ne gagne pas une guerre par la simple capacité à multiplier des crimes contre l’humanité. Israël a commis un génocide mais c’est bien sa défaite qui dresse nos leviers stratégiques pour la séquence à venir. L’instabilité provoquée par la résistance palestinienne est loin de fragiliser la lutte, cette défaite israélienne est aussi un affront direct à l’ordre impérialiste mondial mené par les puissances occidentales.

Une défaite militaire pour le sionisme 

Le principal objectif d’Israël depuis le début du conflit était de détruire le Hamas en vue de mettre fin à la résistance palestinienne à Gaza. Malgré une offensive militaire d’envergure et génocidaire, Israël n’a pas atteint son objectif d’éradication. La volonté du gouvernement de Netanyahu était de voir le peuple Palestinien se désolidariser de la résistance incarnée à Gaza principalement par le Hamas, et ce en commettant des atrocités propres aux guerres génocidaires.  

Au contraire, le Hamas a infligé une humiliation sur le terrain à Israël comme l’illustre l’incapacité de l’armée israélienne à contrôler les zones de Jabalya et Beit Lahya, malgré le déploiement de 30 000 soldats israéliens au Nord de la bande de Gaza. Au contraire le Hamas a vu ses rangs se renforcer par de nouvelles recrues tout au long de la guerre génocidaire imposée par Israël. 

Netanyahu, comme son opposition, pensait nécessaire d’élargir les affrontements aux Etats arabes limitrophes. Là aussi c’est un échec de l’armée israélienne qui s’est montrée incapable d’envahir le Liban par une intervention terrestre.

Les difficultés rencontrées par l’armée israélienne sur ces deux fronts ont mis en évidence une défaite militaire stratégique, malgré une supériorité numérique et technologique. Cette incapacité à imposer une victoire totale sur le terrain renforce l’idée d’une défaite israélienne, alors que le Hamas même après plus de 15 mois de bombardements et d’attaques est toujours actif et résistant.

Libération de prisonnier•es Palestiniens et Palestiniennes

De même les images de la libération des otages prisoniers•ière israéliens•nes où le peuple célèbre les combattants de la résistance, les Brigades Izz ad-Din al-Qassam, ou bien encore les scènes de retour des Palestiniens dans le nord de Gaza suscitent la colère du régime sionis te. 

Dans le cadre des accords liés au « cessez le feu » des milliers d’otages ont été libérés y compris de nombreux otages dont leur peine valait perpétuité. Ces libérations symbolisent non seulement une victoire pour les Palestinien•nes, mais surtout un échec pour Israël qui, en incarcérant des milliers de Palestinien•nes, a tenté de briser la résistance. La libération des prisonnièr•es montre que malgré les efforts israéliens, en incarcérant des milliers d’otages Palestinien•nés n’a pas réussi à briser la résistance Palestinienne. 

Mobilisation internationale qui rediabolise le sionisme

La défaite d’Israël à Gaza ne peut être perçue uniquement sur le plan militaire. Elle s’accompagne aussi d’une dynamique géopolitique où la mobilisation internationale en solidarité avec le peuple Palestinien joue un rôle majeur. Cette solidarité, et l’indignation planétaire face au génocide et à la brutalité de l’occupation israélienne ont contribué à redéfinir les positions internationales sur le conflit. En effet la pression internationale, en plus de renforcer la lutte du peuple palestinien a obligé des pays à redéfinir leur position à l’égard d’Israël, à obliger les institutions internationales, outils de la bourgeoisie telles que la CPJ, CPI à délivrer des mandats d’arrêt contre Nethanyahu. 

La solidarité internationale avec la Palestine devient alors un levier de pression contre les puissances impérialistes et leurs projets de domination. Il devient aussi évident que la crise du capitalisme mondial a également provoqué une réponse plus radicale des mouvements de solidarité qui remettent finalement en question le système économique mondial en place en s’attaquant directement à la colonisation et à l’apartheid israélien

Une victoire pour les Palestinien•nes ? 

La trêve fragile posée par le cessez-le-feu cela ne garantit pas une victoire pour les Palestinien•nes, car de nombreux enjeux restent en suspens, en particulier les aspirations impérialistes des États-Unis et d’Israël. 

Trump a proposé de transformer Gaza en une zone touristique, une sorte de Côte d’Azur du Moyen-Orient (qui par ailleurs satisferait la classe dirigeante saoudienne, émiratis etc pressée d’acquérir des titres fonciers). Ces déclarations révèlent une approche qui ne cherche pas à résoudre la question palestinienne mais à exploiter économiquement le territoire sous contrôle israélien, en expulsant les Palestinien•nes, en poursuivant le nettoyage ethnique, et en maintenant une domination impérialiste. 

L’objectif sous-jacent des États-Unis et d’Israël semble être de stabiliser leur influence dans la région en réorientant les dynamiques économiques mondiales. Leur stratégie impérialiste s’appuie sur la domination énergétique (pétrole, gaz, et ressources stratégiques) dans des zones clés comme Gaza, le Moyen-Orient et la Méditerranée

En parallèle, Israël continue de viser l’annexion de la Cisjordanie. Cette velléité est clairement visible dans l’expansion des colonies israéliennes et dans les actions du gouvernement israélien, soutenues par les États-Unis. L’extension de la colonisation, y compris les projets de relier certaines colonies à Jérusalem est une réalité qui s’accélère malgré le cessez-le-feu, signifiant que la situation sur le terrain pourrait rester inchangée voire s’empirer pour les Palestinien•nes.

Le cessez-le-feu à Gaza ne marque pas la fin des rivalités géopolitiques et économiques qui façonnent la région. Il s’agit en réalité d’une interruption stratégique au service des grands enjeux impérialistes. 

Le « Grand Israël » prend une réalité avec l’annexion du Golan et la Syrie

La question de la Palestine s’inscrit dans un projet plus large de domination régionale. Israël a déjà annexé des territoires comme le Golan syrien et l’ambition de créer un « Grand Israël » semble toujours d’actualité. L’annexion de la Cisjordanie, du Golan, et de Jérusalem-Est fait partie intégrante de cette stratégie expansionniste. Ce processus, soutenu par les alliés d’Israël comme les États-Unis, vise à transformer les frontières de l’État israélien tout en renforçant son pouvoir dans la région contrer l’influence croissante de la Russie et de la Chine dans le Moyen-Orient. Le cessez-le-feu ne remet pas en question cette dynamique, au contraire il permet à Israël de renforcer ses positions et d’installer des faits accomplis sur le terrain qui pourront être difficiles à renverser. Le contrôle des routes énergétiques et des zones de production stratégiques est devenu un enjeu central dans cette rivalité géopolitique.

Le cessez-le-feu à analyser sous un angle des rivalités inter-impérialistes globales

Le cessez-le-feu à Gaza s’inscrit dans un contexte plus large de rivalités inter-impérialistes globales, où la lutte pour les ressources naturelles et la domination stratégique prennent une ampleur grandissante. Les États-Unis, en soutenant Israël, cherchent à contrer l’influence croissante de la Chine notamment dans la mise en place de projets d’infrastructures dans la région via la route de la soie. Dans cette lutte, Israël revêt son rôle d’avant-poste de l’impérialisme dans la lutte pour sécuriser les routes énergétiques et les zones de commerce stratégique. En parallèle, la Chine et la Russie se montrent de plus en plus influents dans la construction de nouvelles alliances qui remettent en question l’ordre imposé par l’Occident.

La libération de la Palestine ne pourra faire l’impasse de nouvelles révolutions arabes coordonnées

L’Égypte joue un rôle central dans la dynamique régionale, en particulier concernant la question palestinienne. Historiquement, le régime égyptien a collaboré avec Israël et les États-Unis. Depuis la mort de Nasser et l’échec du nationalisme arabe à mettre fin au sionisme, l’Égypte est devenu le relais de l’impérialisme occidental et de la politique israélienne, notamment en maintenant le statu quo dans la région, comme dans la gestion du blocus de Gaza. 

Ce soutien au sionisme est renforcé par l’alliance entre l’Égypte et les puissances occidentales qui voient le régime égyptien comme un allié stratégique pour maintenir l’ordre impérialiste et la pression sur la Palestine. 

Cependant, l’Égypte possède aussi un autre précieux, une classe ouvrière organisée, la plus importante du monde arabe, avec une longue expérience de révoltes. Bien que réprimée par le régime la classe populaire a un potentiel de résistance énorme face aux structures impérialistes. Depuis 2013, le régime de Sissi utilise une répression systématique avec plus de 100 000 prisonniers dont 60 000 prisonniers politiques. Mais cette répression pourrait radicaliser la classe ouvrière et à terme faire éclater le système autoritaire et répressif. La chute de ce régime pourrait affaiblir l’alliance israélo-américaine et revitaliser la cause palestinienne, car la mobilisation populaire en Égypte et la solidarité entre Palestiniens et Égyptiens, observée notamment lors de la révolution de 2011, pourraient jouer un rôle déterminant dans la résistance régionale.

Dans ce processus de révolutions arabes coordonnées aurait un impact direct sur la situation en Palestine, car l’impérialisme ne pourrait plus compter sur des alliances régionales pour maintenir son pouvoir. Les révoltes populaires arabes peuvent redéfinir les rapports de forces et offrir à la Palestine de nouvelles conditions de résistance face aux oppresseurs israéliens et impérialistes et dans ces batailles les Palestinien.nes dans ces pays ont un rôle central et catalyseur à jouer.

Syrie : la chute de Bachar Al-Assad n’est en rien un recul 

La Syrie peut aussi occuper une place clé dans la lutte palestinienne. Le régime de la famille Al Assad a toujours instrumentalisé la question palestinienne et sa politique a toujours été motivée par ses propres intérêts, comme en témoigne la répression féroce des réfugiés Palestiniens dans le camp de Yarmouk, ou encore l’expulsion du Hamas après son refus de soutenir la répression syrienne lors de la révolution. 

La chute d’Assad ne constitue donc pas un recul pour la cause palestinienne. Bien au contraire, elle pourrait offrir aux Palestinien•nes une plus grande liberté pour organiser et étendre la résistance, elle pourrait aussi favoriser la réactivation des comités populaires et renforcer la solidarité entre les réfugiés palestiniens et d’autres franges opprimées de la population syrienne, comme les Kurdes et les Druzes.

Face au sionisme et à l’impérialisme français : la stratégie du nombre

Pour que la lutte pour la Palestine avance de manière significative, il est essentiel de créer un rapport de force par la mobilisation de masse. Le nombre de manifestants dans la rue est ce qui permettra de mettre une pression réelle sur les gouvernements complices du génocide, comme l’État français. En préparant des événements de grande envergure autour de dates stratégiques, telles que la Nakba qui marque l’exil forcé de millions de Palestinien•es en 1948 reste un symbole puissant de la lutte contre l’occupation et le colonialisme sioniste. 

Lors du salon de l’armement du Bourget, nous pourrons créer une dynamique de mobilisation qui regroupera tous les acteurs du mouvement de solidarité avec la Palestine (Stop Arming Israël, BBG, BDS etc ) ainsi que les organisations de gauche (syndicales, étudiantes, féministes etc). L’objectif est de garantir que ces grandes dates ne soient pas isolées mais deviennent des moments forts qui marquent une véritable rupture avec le soutien de l’État français à Israël. Ces derniers mois en France, les manifestations n’ont pas été suffisantes pour impulser un véritable changement, il est donc urgent qu’une mobilisation de masse, avec une date clé devienne une priorité stratégique pour l’ensemble du mouvement. 

Face à l’impérialisme Français et en solidarité des Palestinien•nes mobilisons nos syndicats !

La France joue un rôle clé dans la dynamique géopolitique du Moyen-Orient, en tant qu’alliée d’Israël et partenaire militaire. Le soutien de l’État français à Israël, notamment par les ventes d’armes, doit être combattu et pour briser cette solidarité entre l’État français et Israël, il est nécessaire d’intensifier les campagnes de Stop Arming Israël et BDS. Cela peut notamment se réaliser en renforçant l’implication des syndicats dans cette lutte, en s’appuyant notamment sur des camarades syndicalistes qui se préoccupent de la question, et en convainquant d’autres de prendre part à la lutte. 

Les syndicats doivent être impliqués activement dans cette campagne, se donner les moyens d’action massive devant des sites liées à l’industrie de l’armement ou devant les hôpitaux, dénonçant la complicité de la France dans le soutien à l’oppression israélienne, mais aussi devant les Ambassades américaines et israélienne. Cette mobilisation devrait aussi articuler la lutte contre le colonialisme israélien et l’apartheid avec des combats contre le racisme, dont l’islamophobie. La coordination de campagnes BDS avec Stop Arming Israël et des actions de solidarité permettrait de frapper plus fort et de créer un rapport de force concret et permettant de décliner les appels à la solidarité de la part des organisations Palestineiennes elles-mêmes. 

La mobilisation contre l’impérialisme israélien et français doit tenir compte des dynamique géopolitiques mondiales. Le soutien de la France à Israël ne peut être dissociée de ses intérêts impérialistes au Moyen-Orient et dans le Sahel, où la France cherche à maintenir son hégémonie militaire et économique. Face à ce soutien, la mobilisation et la solidarité avec la Palestine doivent se traduire par une stratégie de blocage global des alliances impérialistes. C’est par le nombre et l’unité des luttes sociales et politiques qu’il sera possible d’affaiblir l’impérialisme français et pousser le gouvernement français à remettre en question sa complicité avec Israël. Les syndicats, organisations, collectifs, antiracistes, féministes, étudiants etc doivent créer une solidarité forte qui menace l’ordre imposé.

Plus une manifestation sioniste, plus une apparition fasciste !

Le combat pour la libération de la Palestine devrait inclure une lutte contre toute apparition publique des partisans du sionisme et des groupes fascistes. Ces groupes doivent être confrontés à des ripostes immédiates de notre camp, et ce par le nombre et par tous les moyens jugés nécessaires. Ils ne cesseront pas d’eux-mêmes d’instrumentaliser des questions pour propager leur idéologie comme ce fut le cas lors de manifestations féministes, comme celles du 23 novembre ou 8 mars. Il est crucial de dénoncer et combattre toute tentative de récupération du discours raciste et sioniste par des éléments pro-israéliens, racistes et fascistes, de même, lors d’événements sportifs (matchs de football, basket..), où la présence de groupes sionistes sera de plus en plus posée.

 La question palestinienne est intrinsèquement liée aux luttes antiracistes et pour la justice sociale, la confrontation directe et bien organisée contre ces groupes à travers des actions de solidarité et des manifestations de soutien aux Palestinien•nes, constituent une réponse nécessaire pour faire reculer leur influence et leur développement. 

Il est certes nécessaire de faire preuve de solidarité : syndicats, mouvements féministes, organisations antiracistes et de solidarité internationale doivent se regrouper pour combattre cette présence en concert les sionistes et particulièrement les fascistes, afin que cela devienne la préoccupation de toutes et tous. 

En intégrant les luttes antiracistes et anti-coloniales, antifasciste à la mobilisation, on peut créer un rapport de force global qui va au-delà de la simple confrontation locale contre la manifestation de sionistes, de fascistes . 

Les politiques racistes à l’ouevre aujourd’hui cherchent à renforcer l’ordre en s’attaquant aux minorités et aux peuples opprimés. Pour cela, il faut coordonner une résistance globale, en organisant des actions de solidarité internationale pour renforcer partout les luttes Palestine et les fronts anti-fascistes

Meriem, Paris 20eme