Macron dégage tant qu’il en est encore temps !

Cet article vise à convaincre l’ensemble des activistes qui construisent l’opposition à Macron par leurs grèves, leurs occupations, leurs manifestations, leurs blocages ou leurs communes qu’on se doit de définir une stratégie pour le dégager!

Macron doit dégager car il est un organe vital d’un système en crise, d’un régime qui craque et d’offensives qui nous crèvent !

 Macron doit dégager car il incarne un monde qui est entrain d’exploser ! Ce monde c’est un chaos économique mondial, ce monde c’est la guerre, au figuré, mais aussi au sens propre comme nous le rappelle les bombardements de la fRance et de ses alliés sur le peuple Syrien. Son passé chez Rothschild ne peut que l’associer à la crise financière et économique mondiale. La situation implose : la dette de l’ensemble de l’économie capitaliste représenterait 250% du PIB mondial en 2017, là où pendant l’explosion financière de 2008 l’endettement était de 200% supérieurs à la production mondiale. Cette explosion financière est à prévoir, et il est le résultat d’une crise dont leur système est la cause. Car lutter contre l’austérité qui détruit nos statuts, nos possibilités d’étudier, nos conditions de travail, c’est lutter contre une politique, celle de Macron qui renfloue les banques et endette les Etats. Il faut chercher à créer une crise politique pour atteindre le cœur du système. Il n’y pas d’issue à la crise à court terme, sur les années 2007-2015, l’investissement dans l’économie réelle (et pas sur les marchés financiers) du patronat industriel a baissé de 20% par an à l’échelle mondiale. La part du salaire dans la répartition des richesses produites en Europe a reculé de 5% depuis 1970… selon le FMI… La trajectoire du capital n’a plus qu’une seule destination, les licenciements, la destruction des salaires, la précarité dans le statut et le contrat pour toutes et tous et en particulier pour les femmes et la fraction de la classe la plus sur exploitée, les travailleurs sans papiers.

Macron doit dégager parce qu’il n’a aucune assise parmi les nôtres ! Son parlement est à l’agonie, 370 députés élus avec 16% des inscrit-e-s aux législatives de 2017, une absence de majorité au Sénat, une gouvernance par ordonnance. C’est dans ce contexte économique et politique que tend à émerger un mouvement d’ensemble face à des réformes qui vont à un rythme de dingue pour satisfaire la nécessité du capital et qui exacerbe l’antagonisme de classe. Ce gouvernement connaît une impopularité entre les ministres violeurs qui seront balayés tôt ou tard par le mouvement me-too, ou par l’expression d’un sondage qui affirmait que 8 personnes interrogées sur 10 trouvaient que Macron gouvernait pour les riches. C’est le reflet d’une crise des institutions et l’incapacité des classes dirigeantes à construire des assises et des relais politiques au sein de notre classe. Pour gouverner il doit sortir les matraques à Notre Dame des Landes, à Nanterre et partout où on remet sa souveraineté en jeu, pour produire il doit licencier Gaël, tenter d’emprisonner Mickaël, pour mater il doit enfermer les frères d’Adama et Antonin. Comme le disait Gramsci depuis sa cellule, « Si la classe dominante a perdu le consentement, c’est-à-dire si elle n’est plus dirigeante, mais uniquement dominante, et seulement détentrice d’une pure force de coercition » alors Macron peu dégager !

Pour dégager Macron il va falloir TOUTE la classe

Macron doit dégager mais le fascisme avance. D’une part, se multiplient les attaques à répétition sur les universités en lutte, les campagnes de haine anti-migrant-e-s, et d’autre part se renforce un parti fasciste, le FN qui sort d’un congrès plus armé que jamais : fin des appels programmatiques et opportunistes aux ouvrier-e-s, pour une un discours toujours plus raciste, en intégrant qui plus est nombre de milices comme les identitaires, ceci prouve que le danger fasciste se concrétise. Le FN est dirigé par des fascistes, il l’a toujours été et il avance.    Si 11 millions de personnes ont voté Front National, alors des travailleurs dans nos Assemblées générales, dans nos quartiers sont potentiellement parmi ceux là. Et on espère que les sans papiers qui nettoient les hôpitaux, bossent chez les sous traitant de la SNCF comme O’Net, travaillent dans les aéroports, sur les chantiers privés comme public, les étudiant-e-s et les lycée-en-s sans papier en seront aussi. On ne virera pas Macron en continuant à opprimer 30 % de la classe par le racisme au quotidien. Pour virer Macron il faudra un mouvement uni de l’ensemble de la classe et de la jeunesse. Mais pour l’unifier il ne suffira de défendre des intérêts matériels immédiats comme le statut, le salaire ou les conditions de travail. Pour l’unifier il faudra intégrer dans nos occupations et nos grèves une lutte contre le racisme. Il faut réfléchir à une politique antiraciste dans le mouvement ! Proposer des motions dans nos AGs de grèves en soutien aux réfugié-e-s comme l’ont fait les hospitaliers en Grèce, les cheminot-e-s à gare de l’Est et en Angleterre, est une première option. Construire la solidarité aux grèves de sans papiers, aux luttes des travailleurs immigrés résidents des foyers, poser les revendications des collectifs de sans papiers, des étudiant-e-s sans papiers, des réfugiés qui occupent les universités, sont des axes possibles à développer dans le mouvement. Il faut le penser comme un seul et même mouvement contre le racisme et le capitalisme. Enfin, les bleus qui marquent nos corps après les coups de tonfas, le gaze qui nous pique, et la pensée pour nos camarades licenciés sous le coup de la répression Gaël et Michaël devraient nous conduire à construire aux côtés de celles et ceux qui combattent les violences policières au quotidien. Les familles qui construisent des collectifs « vies volées », « vérité et justice » sont les principaux acteurs et actrices de la lutte contre un racisme policier hérité du colonialisme. C’est à leur côté que nous devons élever nos voix contre la répression.

Macron doit dégager car lutter contre la loi asile et immigration c’est lutter contre un système dont le chef de l’Etat colonial français ne saurait être qu’un organe vital : le racisme ! En effet cette loi est certainement la pire depuis le contrôle aux frontières instauré… au début de la crise de surproduction dans les années 1980. Elle est un pas atroce, chaque article est une menace potentielle à la possibilité même de vivre quand on est sans papier. Elle cherche à enfermer plus longtemps en centre Rétention et à continuer la logique de Dublin pour externaliser les frontières dans les pays du sud. Car tout ces morts en méditerranée, ces cadavres de noirs sur la plage d’Italie, le corps de Taylan sont les crimes de Frontex, de la politique de Macron, il doit dégager. La trajectoire du capital ne se résume donc pas qu’au rapport capital-travail, mais vise aussi l’asservissement d’une partie de notre classe. On ne dégagera pas Macron si 30% de la classe n’est pas gagnée au mouvement.

Pour dégager Macron il faut un mouvement qui s’organise par en bas !

Pour dégager Macron et combattre le danger fasciste il faut que commence à émerger une dualité de pouvoir. Osons le terme ! On ne pourra que poser la question du pouvoir à une échelle suffisamment massive si les grèves, les occupations d’université, les « communes », les AGs sur les places et sur les quartiers abordent la question du pouvoir. Il faudra plus que des grèves perlées, des AGs de syndiqué-e-s et des occupations qui peuvent à terme perdre de leurs splendeurs. La fausse unité syndicale dans tous les secteurs, les crises des organisations étudiantes et ouvrières amènent autant de potentialités que de faiblesses à coordonner un mouvement par en bas. Mais il faut prendre des initiatives permettant l’implication la plus massive des salarié-e-s et qu’ils et elles se posent comme l’alternative.

Ce n’est peut être pas la lutte finale mais disons nous le bien : Macron est très faible. Plus que minable même. Une petite merde. Pourtant il a entre ses mains un outil remarquable, l’Etat. Plus nous résisterons et plus il sera violent. Le 17 octobre 1961, la menace de perdre une colonie et la résistance du prolétariat algérien en France lui a fait commettre l’un de ses nombreux crimes atroces. Il est prêt à tout. Alors nous devons nous préparer à lui faire vivre l’une des plus rares crises de son histoire ! Pour cela il faut argumenter, Macron doit dégager !

GB le 1O Avril 2018

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