Grèce : retours sur la mobilisation en cours et la grève du 9 novembre

par Tania Vrizaki (Athènes)

Des milliers de grévistes et manifestant·es ont envahi les rues d’Athènes et d’autres villes ce mercredi 9 novembre lors de la grève générale qui, par son ampleur, rappelait les grèves générales de la période des mémorandums, il y a une dizaine d’années.  
Tract du mouvement antiraciste et antifasciste d’appel à la grève traduit en six langues

Les lieux de travail ont été paralysés. Les bateaux sont restés au port, les métros, les trains et les bus sont restés immobilisés. Des centaines d’écoles ont fermé, ainsi que des services publics et municipaux, des hôpitaux ont fonctionné avec le personnel de sécurité, des centaines d’entreprises privées sont restées fermées.

Les manifestations étaient très grandes dans toutes les villes. « La loi est le droit des travailleurs – Licenciez Mitsotakis » 1président de Nouvelle Démocratie, principal parti de droite en Grèce et « Sexisme, racisme et répression – A bas la Nouvelle Démocratie » sont deux slogans qui ont donné le ton aux manifestations. La réussite de cette grève amène à penser la suite pour les renverser.

Le gouvernement va bientôt amener au Parlement le budget 2023 et des milliers de travailleur·ses attendent des syndicats qu’ils appellent à une nouvelle grève générale ce jour-là. Dans les hôpitaux, ils préparent de nouvelles mobilisations pour empêcher que passe la loi qui amène la privatisation des hôpitaux.

Pancartes du 9 novembre : « On amplifie les grèves jusqu’à la victoire – Licenciez maintenant Mitsotakis »

Partout les travailleurs et travailleuses veulent continuer

Une étape importante de ces luttes est la manifestation du 17 novembre pour commémorer l’occupation et le soulèvement de l’école Polytechnique en 1973 et il faut que tous les syndicats y soient présents.
La Coordination de Résistance Ouvrière et la Coordination des Hôpitaux ont mis toutes leurs forces dans l’organisation de la grève, en collant des affiches et distribuant des tracts sur tous les lieux de travail. Ils ont pris l’initiative pour que soient organisées des assemblées générales par les syndicats, des réunions, pour que s’organisent des comités de grève. Tout cela s’est traduit par la participation importante de syndicats et collectifs qui ont fait le choix de manifester avec le bloc des Coordinations.

Le gouvernement de Mitsotakis n’a pas réussi à freiner le mouvement ouvrier. La loi contre les syndicats et les grèves n’a pas pu empêcher les travailleur·ses de s’organiser. On continue jusqu’à renverser le gouvernement, ce qui contribuera à renforcer la gauche anticapitaliste et révolutionnaire, pour que la force de notre classe soit l’outil qui va en finir avec le gouvernement et avec le système.

Cette grève confirme l’état d’esprit des gens envers le gouvernement, qui est enlisé dans le scandale des écoutes téléphoniques, des violeurs au sein même de Nouvelle Démocratie, dans la crise énergétique et la pauvreté qui touche une grande partie de la population. Le capitalisme se trouve dans une grande instabilité, nous avons besoin de mobilisations et grèves encore plus grandes. Les gens ont envie de se battre, la gauche anticapitaliste doit être utile pour organiser la colère des gens, pour unir et prendre des initiatives.

Les nombreuses grèves dans les hôpitaux, dans le port du Pirée, le pétrole de Kavala2à l’ouest de la Grèce, la grève dans les hôpitaux en octobre et dans le secteur de l’aide aux personnes âgées, avec des revendications communes qui unissent la classe ouvrière, et surtout la traditionnelle manifestation des syndicats à Salonique le 10 septembre lors de la Foire Internationale – où le premier ministre annonce sa politique budgétaire pour l’année à venir – ont mis la pression sur les deux grandes centrales syndicales du public et du privé qui ont annoncé l’appel à la grève du 9 novembre.

C’est l’organisation par en bas qui a pu transformer cet appel en démonstration de force du mouvement ouvrier. Nous voulons une meilleure santé, une meilleure éducation et des services sociaux pour tous·tes. Le gouvernement se servent notamment du racisme et du sexisme pour nous diviser. La classe ouvrière a soif de victoire, et si elle s’organise, elle peut s’unir et affronter le racisme et le sexisme. A condition que les organisations fassent le travail dans ce sens.

Tania Vrizaki, Athènes

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Notes

Notes
1 président de Nouvelle Démocratie, principal parti de droite en Grèce
2 à l’ouest de la Grèce