Du plan Trump au plan Macron, à bas l’impérialisme et vive la Palestine libre !

Les guerres successives et les massacres de toute part sont la démonstration d’un système capitaliste montrant ses faces les plus mortifères. Loin d’un néolibéralisme heureux, l’actualité rappelle que la guerre est inhérente au capitalisme.

Tension impérialiste dans le monde

La notion d’impérialisme développée au début du siècle dernier peut nous aider à comprendre la période actuelle, ainsi qu’à analyser les tentatives de plan de paix à Gaza proposées par le binôme franco-saoudien à l’ONU. La caractéristique principale de l’impérialisme réside dans la dépendance mutuelle et dialectique entre l’État et le capital. Chaque État est lié à ses capitalistes, et chaque capitaliste dépend de son État – notamment pour la protection de ses propriétés, assurée par la police – mais aussi pour l’appuyer dans ses négociations à l’étranger, pouvant aller jusqu’à la conquête de terrains et de ressources par la guerre.1

Les États-Unis sont encore aujourd’hui, et ce depuis la sortie de la Seconde Guerre mondiale, la puissance impérialiste la plus avancée. Pendant de longues années, ils n’ont connu aucun rival de taille. Ils ont ainsi pu profiter de cette hégémonie d’un point de vue économique, mais aussi pour asseoir leur domination et leurs intérêts un peu partout dans le monde.

Pour autant, la situation a évolué ces dernières années avec la croissance économique, mais aussi militaire, de la Chine. Cette nouvelle configuration modifie les rivalités internationales. Claude Serfati le formule ainsi :

« À cet égard, la comparaison souvent faite avec l’antagonisme États-Unis – URSS au cours de la guerre froide est trompeuse, car l’URSS était en fait peu intégrée dans les circuits de l’économie mondiale et la compétition était essentiellement militaire. Ce qui donne toute son ampleur à la rivalité américano-chinoise, c’est que concurrence économique et conflit géopolitique surgissent en même temps. »2

Dans cette rivalité, l’objectif principal des États-Unis est la défense de leurs intérêts et la préservation de leur hégémonie. Plus encore, cette rivalité régit en grande partie les relations internationales et oblige chaque État à se positionner. Cela explique les taxes imposées récemment par les États-Unis à la Chine, mais aussi à l’Europe. Bien qu’il s’agisse de leurs alliés principaux, la défense de leurs propres intérêts prime.

Cette hégémonie aujourd’hui contestée oblige les États-Unis à se concentrer davantage sur le rival chinois, et les pousse à ne pas s’enliser éternellement dans le maintien de leur position sur les fronts ukraino-russe et moyen-oriental. C’est dans ce sens qu’il faut lire les tentatives de Trump de « paix » dans ces deux régions et, pour Gaza, une « paix » où il affirme haut et fort son soutien à Israël, qui, plus que jamais en cette période de crise et de rivalité impérialiste, doit servir de chien de garde des puissances occidentales dans la région.

 Le plan Franco-Saoudien

C’est dans ce contexte de rivalité inter-impérialiste que s’insère le plan franco-saoudien pour la “paix” à Gaza, présenté à l’ONU. Nous pouvons tirer quelques hypothèses des objectifs de ce plan. La France, partie prenante de l’OTAN, est du côté d’Israël et des États-Unis. Pour autant, la France est dans une contradiction. Si son alliance à l’OTAN est primordiale, elle sait aussi que la période d’instabilité actuelle ainsi que le déclin continu de son ancien empire colonial l’obligent à prendre les devants pour conserver sa légitimité internationale et protéger avant tout l’intérêt des capitalistes français.

Le plan franco-saoudien est un moyen de participer à la longue histoire de la reconnaissance d’Israël tout en gardant une forme de respectabilité, notamment vis-à-vis des instances internationales. En effet, le plan présenté comme une alternative aux 20 points pour Gaza proposés par Trump, cherche à apparaître comme plus attentif aux droit des Palestiniens, en remettant la question de la reconnaissance de l’État palestinien dans les discussions. Le plan trouve même un écho dans une partie de la gauche française, qui se rassure dans l’idée de la solution à deux États.  Or, nous ne le rappellerons jamais assez : la solution à deux États – avec d’un côté un État colonisateur et génocidaire, et de l’autre un peuple génocidé sur ses propres terres – ne sera jamais une solution.3

Le plan est aussi un moyen d’appuyer Mahmoud Abbas en le félicitant pour ses engagement en faveur d’un “reglement pacifique de la situation” et de son  “rejet constant de la violence et du terrorisme.”4 Dans le même sens, la France se félicite ainsi que : « Pour la première fois, un texte adopté par l’ONU condamne les attaques du 7 octobre 2023 commises par le Hamas et appelle à son désarmement ainsi qu’à son exclusion de la gouvernance de Gaza. » 5. Ce plan paternaliste choisit donc le futur dirigeant, les partis autorisés et la forme de la résistance palestinienne. 

Le duo félicite également l’Autorité palestinienne pour avoir mis sous contrôle de l’UE ses programmes scolaires ou encore pour avoir supprimé les allocations familiales aux prisonniers palestiniens. Cette ingérence dans la politique économique, sociale et éducative de la Palestine montre, sans aucune illusion, que l’intervention des chefs d’État français et saoudien poursuit avant tout leurs propres intérêts.

Malgré tout cela, en se présentant comme l’aile « raisonnable » du bloc occidental, la France et l’Arabie saoudite tentent d’entraîner des États qui ne reconnaissent pas encore Israël et de montrer qu’au-delà des États-Unis, la France peut participer à l’organisation du monde. En apparaissant comme un interlocuteur raisonnable, elle se positionne stratégiquement et peut mettre en avant les intérêts économiques qu’elle cherche à défendre. Elle espère, en participant à pacifier la région, permettre prochainement des relations commerciales bénéfiques pour les capitalistes français.

Enfin, pour la France et l’Arabie saoudite, le plan franco-saoudien peut être un moyen de rappeler aux États-Unis qu’ils ne peuvent pas se permettre de prendre unilatéralement des décisions sans prendre en compte leurs alliés. En effet, la reconnaissance arrive juste après les différentes augmentations de taxes douanières imposées par les États-Unis à ses concurrents alliés. Dans la même dynamique, il s’intègre dans un contexte où l’Arabie saoudite se lie, par exemple, au Pakistan pour sa sécurité et, en même temps, met la normalisation de ses relations avec l’Iran sous la surveillance de la Chine 6. Pour autant, il ne faut pas amplifier les tensions ni les possibles renversements d’alliances. Même si l’instabilité pousse à des choix différents, « le fait que les États-Unis, Israël et leurs alliés s’y soient opposés souligne seulement leur désaccord tactique sur les moyens à utiliser pour éradiquer la cause palestinienne. » 7

Pour continuer à écouter sur l’impérialisme c’est juste ici, le topo de Jad de Paris qui explicite comment le capitalisme mène à la guerre :

Combattre l’impérialisme

La crise et le niveau de tension inter-impérialiste actuel nous rappellent l’urgence d’agir pour mettre fin au génocide et se battre pour une Palestine libre, de la mer au Jourdain. Le soutien à la résistance du peuple palestinien est aujourd’hui encore essentiel. Nous devons aussi dénoncer l’impérialisme français en Palestine et dans la région. Plus largement, le soutien à la Palestine doit nous amener à dénoncer la militarisation constante et le chemin vers une guerre généralisée que suivent les États impérialistes.

Pour autant, condamner l’impérialisme français ne suffira pas à l’éteindre d’un claquement de doigts. Nous devons œuvrer à l’élargissement du mouvement de soutien à la Palestine, notamment dans nos syndicats, pour rappeler que c’est ensemble que les travailleurs et travailleuses du monde détiennent le pouvoir de tout changer. Le 28 novembre, les syndicats italiens appellent de nouveau à une journée de grève pour soutenir la résistance palestinienne et dénoncer le génocide. Nous devons faire en sorte que ces grèves internationales trouvent un écho en France et que puisse surgir ici aussi une réponse massive des travailleurs et travailleuses par la grève. 

Du plan Trump au plan franco-saoudien, la Palestine subit une pression constante des États impérialistes, qui cherchent à tirer profit du génocide et de la colonisation. Face à cette situation, dénoncer et combattre nos impérialismes est primordial.

Yassine (A2C Marseille)

Notes

  1. Article de Jad Guerres qui reviennent pour plus d’information sur l’impérialisme.  ↩︎
  2. Claude serfati, un monde en guerres.  ↩︎
  3. https://www.chroniquepalestine.com/reconnaissance-etat-palestinien-manoeuvre-contre-peuple-palestinien/ ↩︎
  4. https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/israel-palestine/actualites-et-evenements/2025/article/conference-internationale-pour-la-mise-en-oeuvre-de-la-solution-des-deux-etats ↩︎
  5. https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/israel-palestine/actualites-et-evenements/2025/article/israel-palestine-adoption-par-l-onu-de-la-declaration-de-new-york-sur-la  ↩︎
  6. https://orientxxi.info/magazine/arabie-saoudite-pakistan-un-pacte-qui-detonne,8555 ↩︎
  7. https://www.chroniquepalestine.com/reconnaissance-etat-palestinien-manoeuvre-contre-peuple-palestinien/ ↩︎