Le travail chez Marx – Manuscrits de 1844 (en chantier)

A notre dernière réunion (voir l’introduction au débats ici) nous avons discuté de l’organisation du travail, de la valeur travail, de comment libérer le travail de la contrainte de valorisation du Capital (pour obtenir cela, le revenu universel ou le salaire à vie de Friot?) … Mais qu’en est-il vraiment chez Marx de la notion de travail ?
Manuscrits de 1844 (économie politique et philosophie)
[présentation, traduction, notes : Émile Bottigelli, Éditions Sociales, Paris, 1969]
Le problème philosophique qui domine à l’époque en Allemagne: celui des rapports théoriques de l’homme avec le réel. Car en effet il y a un paradoxe: d’un coté le développement des sciences tend à montrer que le monde n’est pas irrationnel, de l’autre l’homme semble incapable de dominer la réalité (politiquement, économiquement …) qui reste contradictoire. Problème du rapport sujet-objet, de l’opposition de l’homme et de la nature (depuis Kant l’homme était mis au centre: fondement théorique à la liberté et aux droits de la personne humaine).
Quel rapport avec le travail     ?
Démarche philosophique de Marx qui cherche à penser la vérité des institutions humaines, en fonction des antagonismes qui déchirent la société. Démarche militante aussi (communiste / socialiste) car volonté de transformer le monde. Son analyse l’amène directement à la critique de l’économie politique: la société est la clef de l’État et la société civile repose sur un ensemble de rapports sociaux, qui sont le résultat de l’activité économique des hommes.
Cerner la vérité de l’homme à partir de ce qu’il produit (à partir de son activité productive), comme manifestation objective de sa nature d’homme. La production donc en tant qu’activité spécifique de l’homme (pas le PIB …). TPP, dans son topo sur l’organisation du travail, avait justement caractérisé le travail comme un fait intentionnel, c-à-d comme une activité pour les autres hommes, destinée à transformer le monde.
Pensée de Marx directement influencée par:
1. Hegel qui introduit dans l’histoire l’idée de progrès, de développement dialectique. L’homme n’est pas la réalisation d’une essence donnée a priori mais apparaît comme un moment dans une évolution qui va de l’inférieur au supérieur, de la nécessité incomprise à la liberté (conscience de soi comme point d’aboutissement de ce devenir historique).
2. Feuerbach qui opère un renversement matérialiste de l’idéalisme hégélien. L’homme réel, être social doué de sens, est substitué à la conscience de soi abstraite. Dieu, qui domine l’homme, n’est plus que le produit de son imagination. L’homme concret est la raison dernière de toute chose (mais conception de l’homme hors histoire).
L’idée de Hegel que l’homme se produit lui-même, est reprise par Marx mais pensée cette fois-ci sur le plan concret. Fait écrire à Marx : « L’histoire est la véritable histoire naturelle de l’homme » (p. 138). Démarche marxienne ici absolument nouvelle, qui innove le matérialisme dialectique.
Tout cela conduit Marx à voir dans le travail, « l’activité humaine pratique » (p. 61),  un concept clef. De la nature de celui-ci découle la nature de la société. C’est à partir de l’analyse du travail et de la mise en évidence de la duperie de l’économie politique, que Marx élabore sa conception de l’aliénation (une notion centrale chez Hegel et donc aussi chez lui, même si par la suite le terme ne sera pas trop repris dans son œuvre).
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TC, 10/04/2017

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