L’Envolée finale

Premières libérations dans les prisons, seuls les rapports de force contre le ministère de la Justice et la lutte physique contre les GOM, les matons et les ERIS payent !

Des grèves et des droits de retrait ont été organisés dans de nombreuses entreprises afin de se préserver des aspirations mortelles des patrons maintenant leur logique du profit. Toute une partie de la société continue de subir de plein fouet le rapport social d’exploitation. Les luttes seront certainement les plus explosives dans la santé, là où les salarié•es bravent la mort pour sauver l’humanité. Nous soutiendrons toutes ces luttes menées par notre classe car elles permettent de reprendre un minimum de contrôle tant contre les exploiteurs que contre les pleins pouvoirs. 

En parallèle, nous pensons qu’il est central d’évoquer les luttes et les premières victoires d’une minorité de notre classe qui subit le confinement forcé dans des conditions d’hygiène atroces : les prisonnier•es. 

Si des militant•es d’A2C sont impliqué•es dans des luttes en soutien à des prisonniers condamnés pour des « faits politiques » comme Georges Ibrahim Abdallah, nous n’avons jamais creusé la question de la lutte anticarcérale à proprement parler. Aussi, c’est une nouvelle fois sur des activistes que l’on compte pour diffuser la « vérité » et non pas par nos lectures des médias dominants, qui, loin de tout complot, ne font qu’assumer les mensonges de l’appareil d’Etat et ses pleins pouvoirs. 

Aussi, nous vous proposons une synthèse de nos lectures de l’Envolée afin de faire le point sur la situation. Cette revue et cette radio n’ont pas pour objectif de mettre du gel hydroalcoolique dans les cellules ou de construire de nouvelles prisons pour éviter la surcharge carcérale et donc la prolifération du COVID-19 chez les prisonnier•es1« Qui sommes-nous ? », L’Envolée, https://lenvolee.net/qui-sommes-nous/.. Selon les éditeurs et éditrices de l’Envolée, « tous les prisonniers sont politiques ». Depuis des années, ces activistes se battent pour faire sortir la parole de l’intérieur, et lorsque surviennent des luttes en taule, faciliter l’auto-organisation d’une prison à l’autre.

La lutte physique et la critique des mesures d’urgence du gouvernement italien par les flammes des insurgés

Dès les premières émeutes en Italie, l’Envolée a récolté des premiers témoignages d’une part sur la conséquence du Coronavirus dans les prisons, et d’autre part, sur la gestion de la crise sanitaire par les dirigeants du système carcéral. 

Les processus d’insurrection et de répression y sont particulièrement bien décrits dans un article daté du 9 Mars2« EMEUTE ET MASSACRE À LA PRISON DE MODÈNE – SUITE AUX MESURES DE CONFINEMENT LIÉES AU COVID-19 », L’Envolée, https://lenvolee.net/emeute-et-massacre-a-la-prison-de-modene-suite-aux-mesures-de-confinement-liees-au-covid-19/. sur les faits qui se sont déroulés à la prison de Sant ’Anna à Modène. Les foyers de contamination se développant excessivement rapidement en raison des conditions de détention infâmes, des mesures « d’urgence sanitaire » sont prises à l’encontre des détenus. Les prisonniers sont plus reclus que jamais : les parloirs sont supprimés et les téléphones confisqués. L’Etat semble avoir pris une série de dispositions pour rendre impossible la diffusion de toute information alternative à sa propre parole quant à sa gestion ignoble des aspirations des prisonniers. 

Ainsi des barricades au début de l’après-midi du dimanche 8 mars sont dressées dans la prison, les dernières ne seront démantelées que le soir après 21h. 

Dès les premiers tumultes, ce sont les GOM qui sont appelés à agir (des régiments italiens en tenues commandos qui effectuent la même besogne que les ERIS en France, à savoir des forces de répression propre aux prisons). Malgré toutes les sommations, les barricades tiennent bon. 

Les familles, des militant•es et des personnes issues de la population de Modène se regroupent progressivement devant la prison. Les fumés attirent une partie de ces personnes qui étaient confinées jusqu’à présent. La Directrice de la prison de Sant’ Anna fait une première annonce informant que les portables ont été remis aux prisonniers et que les proches peuvent les contacter.

Les prochaines heures seront des scènes de « guerre » auxquelles seront confrontés les témoins de cette lutte. Ils assistent à l’extraction de trois morts dans des sacs (tous détenus) et aux transferts de 84 prisonniers dans six prisons éloignées. 

12 jours plus tard, le 21 Mars 2020, l’Envolée publie un nouvel article3« DANS LES PRISONS ITALIENNES : 14 MORTS ET 3 000 LIBÉRATIONS ANNONCÉES »,  L’Envolée, https://lenvolee.net/14-morts-dans-les-revoltes-3-000-liberations-annoncees-des-nouvelles-de-la-situation-en-italie/. sur la situation des prisons en Italie. On y comprend que des libérations sont en cours, et ce après de nombreuses tractations entre assassins de l’humanité. Ce n’est pas parce que certains seraient devenus humanistes en période de crise sanitaire que de si maigres victoires ont été obtenues. C’est grâce à la confrontation physique des prisonniers envers l’Etat et ses différentes forces de répression qu’un objectif politique a pu émerger : la lutte contre le confinement forcé. 

La lutte contre les mesures de confinement dans les prisons françaises n’a rien de virtuelle

Quelques soient les luttes dans lesquelles on intervient, on sait à quel point les classes dirigeantes ne cessent de mentir, non pour comploter, mais pour défendre la paix sociale ou l’unité nationale en temps de crise. Afin de rétablir la vérité sur la situation des prisons françaises, l’Envolée a diffusé tant des appels, des revendications, des courriers des prisonniers lors des émeutes que des analyses plus globales. 

Dès le lendemain du discours de Macron, des mesures comparables à celles citées dans le contexte italien sont prises dans les prisons françaises. 

L’Envolée les décrit par différents contacts établis dans les prisons françaises : suppression des parloirs, restriction des accès aux salles sportives, etc. À aucun moment, les mardi 17 et mercredi 18 mars, le gouvernement et Madame Belloubet n’envisagaient de libération massive. Ces mesures accompagnées de la mort d’un détenu de Fresnes déclenchent d’émeutes dans 15 prisons différentes. Si l’absence d’organisation traditionnelle pouvait laisser croire à de la pure spontanéité face au risque de contamination du virus, il n’en est pas exactement ainsi. En effet, l’Envolée publie ce genre de communiqué, dont plusieurs similaires circuleront en la journée du 18 mars4« IL FAUT QU’ON BLOQUE EN PROMENADE! » MESSAGES DE PRISONNIERS DE FRANCE EN RÉACTION AU CONFINEMENT DES PRISONS », L’Envolée, https://lenvolee.net/il-faut-quon-bloque-en-promenade-messages-de-prisonniers-de-france-en-reaction-au-confinement-des-prisons/. :

Message à tous les prisonniers de France

Demain il faut que l’on descende tous en promenade et que l’on bloque. Si toutes les prisons bloquent en même temps, ils seront obligés de faire quelque chose, ils peuvent transférer personne et ils ne peuvent pas pénétrer dans l’établissement par peur.

Le virus se propage, déjà que nous sommes incarcérés, ils nous coupent les parloirs, ce n’est pas possible et inacceptable donc montrons-leur notre mécontentement.

Soyons solidaires car si ce n’est pas nous qui faisons quelque chose, eux ne feront rien pour nous. À la télé, ils n’ont même pas parlé de nous ; pour eux, nous ne sommes même pas des citoyens mais quand il s’agit de voter, ils nous envoient les papiers en cellule.

Ce travail d’implantation mené depuis des décennies par l’Envolée permet aujourd’hui de comprendre les dynamiques les plus trashs qui semblent dominer les classes dirigeantes si on regarde leurs exactions dans les milieux où les moyens de coercition de l’Etat sont les plus systématisés. Les textes publiés sur l’Envolée permettent également de comprendre que, pour améliorer les conditions sanitaires, seules l’action collective et la confrontation à l’Etat d’Urgence actuel sont des stratégies empiriquement crédibles.

À l’heure où toute la gauche se félicite de 5000 libérations, nous ne pardonnerons rien et nous ne prendrons pas le risque d’oublier toute la politique carcérale menée depuis dix ans. 

Avec les luttes des prisonniers dès que l’on peut, contre l’Etat toujours !

Gaël B.
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Notes

Notes
1 « Qui sommes-nous ? », L’Envolée, https://lenvolee.net/qui-sommes-nous/.
2 « EMEUTE ET MASSACRE À LA PRISON DE MODÈNE – SUITE AUX MESURES DE CONFINEMENT LIÉES AU COVID-19 », L’Envolée, https://lenvolee.net/emeute-et-massacre-a-la-prison-de-modene-suite-aux-mesures-de-confinement-liees-au-covid-19/.
3 « DANS LES PRISONS ITALIENNES : 14 MORTS ET 3 000 LIBÉRATIONS ANNONCÉES »,  L’Envolée, https://lenvolee.net/14-morts-dans-les-revoltes-3-000-liberations-annoncees-des-nouvelles-de-la-situation-en-italie/.
4 « IL FAUT QU’ON BLOQUE EN PROMENADE! » MESSAGES DE PRISONNIERS DE FRANCE EN RÉACTION AU CONFINEMENT DES PRISONS », L’Envolée, https://lenvolee.net/il-faut-quon-bloque-en-promenade-messages-de-prisonniers-de-france-en-reaction-au-confinement-des-prisons/.