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AccueilClasses socialesTout bloquer dans le social : construire la grève par en bas! 

Tout bloquer dans le social : construire la grève par en bas! 

28 novembre 2025 Classes sociales

À Marseille, la mobilisation des secteurs du social, du médico-social et de l’associatif les 10 et 18 septembre a mis en lumière l’importance de construire la grève « par en bas », par les travailleur·euses eux·elles-mêmes.

Les Cahiers d’A2C #19 – NOVEMBRE 2025

Ces secteurs, fortement imbriqués, sont soumis depuis plusieurs années à une double dynamique : d’une part, la précarisation des services publics (social et médico-social) et, d’autre part, la délégation croissante de missions à des associations. Ce changement s’accompagne d’un basculement vers un mode de financement fondé sur les appels à projets (ex. dispositif ES, FSE+, plan France Relance…), ce qui instaure une mise en concurrence des structures associatives. Cette logique pousse de nombreuses associations à intensifier l’exploitation de leurs salarié·es (salaires modérés, horaires allongés, multiplication des projets « court terme ») afin de satisfaire aux critères de sélection, de performance et de compétitivité Dans un contexte de renforcement des tensions inter-impérialistes à l’échelle mondiale, les coupes budgétaires pour financer l’armement, affectent directement les secteurs du social et du médico-social.

De plus, travailleur·euses de l’associatif et du social et médico-social public travaillent souvent ensemble autour des mêmes usagèr·es. L’enjeu d’unir par en bas ces secteurs a donc été de regrouper des travailleur·euses qui, associatifs ou non, et malgré leur emploi dans des structures différentes, partagent des conditions de travail communes et subissent ensemble la politique de l’État qui consiste à donner plus à l’armement en rognant sur la prise en charge du soin aux travailleureuses.

Malgré une mobilisation sociale d’ampleur en septembre, l’agenda bouché par les directions syndicales a entraîné un reflux de la mobilisation. Mais pourtant le secteur du médico-social en lutte offre une perspective. Les rencontres nationales du travail social en lutte en octobre ont permis, dans l’élan des mobilisations de septembre, d’appeler à une grève sur trois jours, du 16 au 18 décembre. Cet agenda offre la possibilité de construire dans un secteur particulièrement attaqué par les offensives autoritaires, racistes et anti-sociales, une grève reconductible aboutissant à une grève politique antiraciste appelée par les collectifs sans papiers regroupés dans la Marche des Solidarités. Retour avec Juliette, Marion et Gabin, travailleureuses du social dans des structures associatives à Marseille, et camarades d’A2C.

Quelles sont les limites habituelles à la construction de la grève dans ces secteurs ?

Les travailleur·euses de ces secteurs sont très atomisé·es. Il y a beaucoup d’intérimaires, avec un turn over important qui fait que le travail syndical y est rendu difficile. En plus, on fait face à une véritable culpabilisation de la grève. Le fait que nos métiers s’organisent autour du soin fait qu’un bon nombre de collègues disent qu’au final si ils font grève, ils pénalisent plus les usagèr·es du service que l’État et ses politiques. On est dans un secteur extrêmement féminisé et dont l’exploitation s’appuie aussi sur une naturalisation de notre capacité à prendre soin, comme si nos AG du travail social le 18 septembre à Marseille 11 métiers étaient des expressions spontanées de notre nature profonde de femmes qui serait de se réaliser dans la sollicitude. Dans un moment de crise du capitalisme, cette idéologie permet de nous faire travailler plus, et avec toujours moins d’argent, comme quand l’État exaltait les couturières qui fabriquaient gratuitement des masques pendant le Covid par exemple.

Au printemps 2025, on a commencé à structurer syndicalement le secteur, même si c’était difficile parce qu’on s’est affronté·es aux réticences syndicales à Marseille. Les syndicats du social ne sont pas toujours enclins à syndiquer les travailleur·euses de l’associatif. Mais malgré tout ça, au final, au printemps dernier on a quand même réussi à faire trois AG de l’associatif avec le syndicat SUD ASSO, ce qui nous a permis de parler de nos conditions de travail et de faire un cortège pour la mobilisation du 22 mars contre le racisme et le fascisme.

Le 18 septembre, une AG a rassemblée plus de 160 personnes du secteur social et médico-social au Planning Familial 13, comment expliquez vous ce succès ?

La mobilisation du 18 septembre s’est faite sur la base des arguments qu’on a développés dans les AG de l’associatif du printemps dernier mais aussi sur la grève du Planning Familial, qui a été impressionnante : les camarades ont réussi à fermer le Planning et ont organisé un cortège féministe lors de la journée du 10 septembre permettant d’occuper une place importante et d’être particulièrement visible dans le mouvement social.

Aussi, il y a un ras-le-bol général justement des travailleur·euses de ce secteur sur la culpabilisation à la grève malgré des attaques toujours plus fortes sur nos emplois.

On a appelé sur les mot d’ordres politiques : moins d’argent pour la guerre, plus pour le soin. Mot d’ordre qu’on a articulé avec les attaques spécifiques de nos secteurs, la mise en concurrence des structures et le manque de moyens généralisé.

Quels arguments ont été développé dans ces AG pour faire face aux difficultés de se mettre en grève dans ce secteur ?

Dès le départ, beaucoup de prises de parole contraient les logiques de culpabilisation à la grève : “Nous aussi, on est des usagèr·es, nous aussi on fait la queue à la CAF”. Ça a permis de changer de regard et d’avoir un rapport de solidarité, de classe avec les usagèr·es. C’est la construction par en bas qui a permis de faire se rencontrer les travailleur·euses, discuter de leurs conditions de travail et de collectivement trouver des solutions aux problèmes posés à la fois par le secteur lui-même (atomisation, uberisation, mise en concurrence des structures) mais aussi par les syndicats dont le manque d’implication a été déploré. Loin de nous démoraliser, ça nous a poussé à construire coûte que coûte la grève dans le secteur et de la généraliser par nos propres moyens.

Vous avez appelé à trois jours de grève en décembre, qui aboutit à une journée de grève pendant la journée internationale des migrant·es. Comment avez vous réussi à argumenter pour ces dates ?

Les rencontres nationales du travail social en luttes ont rassemblé en octobre une centaine de travailleur·euses auto-organisé·es dans une dizaine de villes.

Lors de ces rencontres nationales, on a pu parler de racisme, par exemple grâce à l’expérience de camarades de Toulouse, qui ont construit la mobilisation du 10 septembre autour de mots d’ordre antiracistes en mettant en grève plusieurs lieux de travail d’accueil de personnes migrantes.

Donc à partir du moment où on cherchait des dates pour les prochaines mobilisations, dans le sillage du vote du nouveau budget, on a proposé de se mobiliser autour du 18 décembre, journée internationale des migrant. es. Cette perspective a bien pris, surtout pour les travailleur·euses des structures d’accueil des mineur·es non accompagné·es.

Cet agenda progressiste s’est donc élaboré par en bas, dans une coordination de cadres d’auto-organisation de travailleur·euses en lutte. Dans un mouvement essentiellement bridé par les décisions des directions syndicales qui n’ont proposé aucun plan de bataille à la hauteur, les perspectives portées par la coordination du travail social en lutte doivent servir de perspective pour l’ensemble du mouvement social. Dans une période de montée de l’extrême droite, du racisme, et des politiques austéritaires, ouvrir une séquence combattive de grève autour du 18 décembre permettrait à la fois de s’opposer au budget Bayrou et à la militarisation de la société mais aussi de lutter auprès des collectifs sans papiers pour une grève antiraciste, nécessaire à la construction de l’unité de notre classe.

Les trois jours de grève en décembre vont devoir être construits avec le soutien des syndicats. Avec la fin du mouvement social, on a de moins en moins de gens dans l’AG du social. Mais pourtant, les gens continuent à faire des tournées dans les structures et à discuter avec leurs collègues. L’appui syndical contribuera à faire des dates du 16, 17 et 18 décembre des dates réussies.

Par contre, sur la grève du 18 décembre, malheureusement, la nécessité de la lutte antiraciste n’est que très peu présente dans l’appel. Nous devons pourtant, dans cette période, pousser pour que la grève du social le 18 décembre soit une grève antiraciste, au côté des personnes sans papiers, des mineur·es isolé·es et des travailleur·euses qui veulent se mobiliser en ce sens. Nous devons également nous mobiliser pour dénoncer les attaques racistes de l’État dans nos secteurs qui précarisent et discriminent les usagèr·es racisé·es, immigré·es, sans papiers, mais aussi les travailleur·euses premièrement touché·es par les offensives racistes et islamophobes. À nous de jouer.

Marion, Gabin, Juliette (Marseille), propos recueillis par Anouk (Marseille)
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