Fascistes en roue libre en France, débuts de réponse à Rennes

Nous sommes plus fort.e.s et plus nombreux.se.s que les fascistes : À Rennes comme ailleurs, ne leur laissons rien !

Pour la première fois depuis longtemps, des groupes fascistes ont appelé à un rassemblement à Rennes (Uni, Action Française, Nemesis, Cocarde Etudiante, Reconquête…). Il va falloir que l’on s’y prépare, ici comme ailleurs, les fascistes veulent la rue.
Aujourd’hui, ils ont utilisé la mort d’une enfant pour scander des slogans nationalistes et racistes, demain ils invoqueront d’autres raisons, mais à chaque fois ils nous trouveront sur leur chemin.

Ils étaient 70. Nous étions 150. Et ce n’est qu’un début.

Les fascistes s’excitent-ils du fait des grèves et de ne pas avoir eu d’audience ces dernières semaines ? Certainement. Dans tous les cas, ils sont en embuscades. Ils cherchent clairement à recruter. Je me risque à une mobilisation de l’analyse faite par Robert Paxton, historien et politologue : les fascistes cherchent à recruter, notamment par le biais des affects et attisent un sentiment d’intérêts communs sur base de la race ou de la nationalité. Dans le cas d’aujourd’hui, ils utilisent le meurtre d’une enfant, tuée par une femme qui avait des bouffées délirantes depuis quelques semaines. Cela leur permet d’avancer sur l’ancrage du terme « francocide » en plaçant les français comme victimes politiques. Encore une caractéristique de ce que Ugo Palheta, chercheur au Centre de Recherches Sociologiques et Politiques de Paris, analyse des fascistes : leur nécessité de se positionner comme victimes pour développer leurs arguments.

C’est une des illustrations de la polarisation actuelle : deux pôles qui pourraient se définir par une confiance qui s’accroît du côté de certaines sections syndicales, et même de secteurs en dehors des cadres des syndicats, des collectifs féministes qui se coordonnent à une grande échelle, des mobilisations face au racisme dans plusieurs quartiers et villes qui se développent. Bien sûr, il y a des connections entre les revendications des différents fronts qui devraient être plus travaillées. Dans les médias classiques, on voit le camp de la bourgeoisie en panique, en crise, préparer la loi Darmanin, pour renforcer les frontières et expulser toujours plus de personnes sans papiers. La présence de camp-là, au gouvernement, renforce dans le même temps l’extrême droite dans leur confiance.

Pancartes réalisées par des militantes feministes à partir de citations de Médine, en concert à Rennes le soir de la contre-manifestation.

Le problème n’est pas que les organisations d’extrême droite fasse de la récupération politique, c’est qu’elles fassent de la politique.

Pour revenir à Rennes, nous avons diffusé un tract (voir ci-dessous) réalisé à partir du communiqué de la Coordination Féministe qui a connu ces derniers jours une très bonne réception et une diffusion plus large que d’habitude. Les réactions des passant·es dans les quartiers Charles de Gaulle, Colombier, Sainte Anne, Villejean, Blosnes, ont été très positives et doivent nous servir de rappel : nous sommes plus nombreux·ses que les fascistes et nous sommes plus fort·es qu’eux. A nous de nous saisir de cet avantage !

Le contre rassemblement du samedi 22 octobre et les discussions qui ont suivi nous ont prouvé une fois de plus l’importance et la nécessité d’avoir une réponse face aux idées véhiculées par les partis et organisations d’extrême droite.

Nous appelons à construire les futurs rassemblements autour des droits des personnes exilées, contre le racisme et contre le renforcement des frontières.

Dans notre rassemblement antifasciste de samedi étaient présentes des personnes de Nous Toutes 35, en majorité, mais également des personnes de la CGT, de Sud Educ, de la CNT, de Solidaires Etudiant·es, du NPA, de la FI, et certainement d’autres.

Le soir du rassemblement, six membres de groupes fascistes ont profité de leur prise de confiance de l’après-midi pour tenter une attaque sur des militant·es en terrasse d’un bar, dans le quartier Sainte-Anne. Grâce à une riposte et des réflexes coordonnés, les blessé·es sont à compter de leur côté pour cette fois. Toutefois, il faut noter que des violences de la part du mouvement fasciste Action Française avaient déjà eu lieu le 23 février dernier et que depuis ça leurs capacités d’agir augmentent. Cela doit nous alerter et nous faire nous questionner quant à nos tactiques et à la stratégie antifasciste que nous voulons construire.

Affiche du Collectif rennais « S’unir face au fascisme »

Nous continuons d’appeler aux manifestations des samedi 19 novembre et vendredi 25 novembre afin de lutter contre les violences sexistes et sexuelles en rappelant toujours que l’extrême droite utilisera tant qu’elle le pourra les questions qui ne vont pas à l’encontre de son projet raciste. A nous d’être à l’offensive contre le racisme et de ne pas séparer les questions.

Nous voulons construire les mobilisations qui se préparent autour du 18 décembre à Rennes et partout ailleurs, en soutien aux personnes exilées et contre le racisme.

Et nous appelons le plus grand nombre à rester attentives et attentifs aux tentatives des fascistes de reprendre la rue. S’ils reviennent nous serons là, fort·es, fier·es et antifascistes !

Solen Ferrandon-Bescond (Rennes) et Mathieu Pastor (Paris 20e)

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